D'un moment à l'autre, la confiance fragile

Publié le par Nuances

"Terence Young a vécu le pire cauchemar de tout parent : sa fille Vanessa est morte subitement sous ses yeux. L’adolescente, jouissant pourtant d’une bonne santé générale, venait de prendre du Prepulsid, un médicament qui lui avait été prescrit contre ses vomissements. Or, les Young ignoraient tout des risques associés à ce produit. 


Digne du meilleur journalisme d’enquête, cet ouvrage nous entraîne dans les coulisses, pas très propres, de l’industrie pharmaceutique. Un père, sur la piste des responsables de la mort de sa fille, découvre un univers qui donne froid dans le dos. Il dresse un solide réquisitoire contre des pratiques qui font passer les intérêts des actionnaires avant la vie des citoyens, et sonne l’alarme.

Chaque année, environ 10 000 décès survenus dans les hôpitaux du Canada et 100 000 dans ceux des États-Unis sont attribuables à une réaction négative à un médicament. Cela représente la quatrième plus importante cause de décès. Mourir sur ordonnance met un visage et une histoire sur ces sombres statistiques. Dans l’espoir que les lecteurs, avertis, changent leur façon de consommer des médicaments."


Grand Loulou est né en octobre 2002. En décembre 2002, était diagnostiqué un reflux sévère qui a suscité plusieurs allers retours aux urgences pédiatriques puis une hospitalisation et un traitement. 

A l'hopital, Grand Loulou s'est vu prescrire du Prepulsid. Les mesures de restriction (ci-dessous) venaient juste d'être diffusées en octobre 2002, c'est-à-dire à peine un mois avant.

Par chance, nous avons bénéficié du contrôle strict qui venait d'être mis en place en France. Le Prépulsid a donc été administré "sous surveillance" et notamment un holter qui a permis d'identifier un allongement du QT sous l'effet de ce médicament (si j'ai bien compris allongement de la durée du battement du coeur), symptôme qui était LA contre indication majeure à la prescription et a suscité l'arrêt immédiat de d'administration du Prépulsid.

Ce médicament a été prescrit très largement par tous les pédiatres de ville dans les années qui ont précédé et jusque quelques semaines avant que Loulou soit concerné. Une pédiatre de notre entourage (pas celle de Loulou et Boubou) s'était étonnée du nouveau protocole mis en place tant elle avait prescrit sans investigation particulière ce traitement. Ce n'est que depuis mars 2011 qu'il n'est plus disponible en France.

Je ne peux m'empêcher de me demander ce qui se serait passé si Loulou était né quelques mois plus tôt ... Plus tard il a été sous Mopral ... un médicament qui n'existait pas sous forme pédiatrique et qu'il fallait nous même conditionner (en comptant de micro granules à l'intérieur des gélules) pour que la dose soit adaptée à son poids de bébé. Je pense que s'il n'était pas commercialisé sous forme pédiatrique c'est qu'il n'avait pas bénéficié de tous les "tests" adaptés ...

Et pour autant,  "la médecine douce" (ostéopathie et homéopathie) n'avait pas été concluante et Loulou avait -à 1 mois et demi- une oesophagite. Une prescription allopathique était manifestement nécessaire. Prescription que je ne peux m'empêcher de penser potentiellement dangereuse. Heureusement nous avons été entourés d'un personnel hospitalier compétent.

Nous n'avons pas d'autre choix que de faire confiance à la compétence. Et pourtant il nous faut garder -sans paranoïa- une saine vigilance ... Vigilance malheureusement limitée par notre incompétence.

Je regarde aujourd'hui cet épisode de notre vie avec le sentiment que les choses nous échappaient en grande partie et que la "maîtrise" que nous avions du cours des évènements étaient bien mince.

Si des choses nous ont été communiquées à l'époque, à la fois prisonniers de notre inquiétude et d'une obligation"de faire confiance, nous nous remettions à la médecine et à travers elle, aux laboratoires pharmaceutiques ...

Lors de ce même séjour hospitalier, alors que j'ai eu la "chance" de ne pas avoir à laisser Loulou seul à l'hôpital et que je ne le quittais que pour quelques minutes, j'ai remarqué un jour que la "couleur" du conditionnement d'un médicament n'était pas la même que d'habitude. Je l'ai fait remarquer à la jeune femme qui m'avait apporté le médicament. Elle s'est étonnée de ma remarque, devant mon insistance est allée vérifier et est revenue avec un autre conditionnement. 

Qu'il est difficile de penser que peut être ... sous l'effet du stress et de l'épuisement ... un professionnel de la santé ou un parent peut commettre une erreur grave.

J'ai une pensée pour tous ceux, parents, personnels soignants, chercheurs ... qui se battent pour guérir les enfants. J'ai une pensée pour tous les enfants malades qui méritent notre attention et notre vigilance.

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Prepulsid® (cisapride) est un stimulant de la motricité digestive, commercialisé en France depuis 1988 par les laboratoires Janssen Cilag. Il est disponible sous forme de comprimés à 10 mg, de suspension buvable Adultes 1 mg/ml et de suspension buvable Enfants et Nourrissons 1 mg/ml.
En raison d’effets cardiaques rares mais pouvant être graves (allongement de l’intervalle QT sur l’électrocardiogramme, troubles du rythme ventriculaire), le bénéfice/risque de ce médicament a été réévalué au niveau européen par le Comité des Spécialités Pharmaceutiques (CSP). Le CSP a conclu à un bénéfice/risque favorable sous réserve de modifications du libellé de l’autorisation de mise sur le marché de ce médicament.
Indications thérapeutiques
L’utilisation de Prepulsid® est réservée aux 2 indications suivantes :
Adultes : " traitement des manifestations aiguës et sévères de la gastroparésie chronique (troubles liés à un retard chronique de l’évacuation de l’estomac) d’origine idiopathique ou diabétique prouvée, après échec des autres traitements. "
Enfants et Nourrissons : " traitement du reflux gastro-oesophagien (régurgitation du contenu acide de l’estomac vers l’œsophage) pathologique prouvé, après échec des autres traitements, chez le nouveau-né, le nourrisson et l’enfant de moins de 36 mois. " 

 Conditions de prescription 

Le traitement par Prepulsid® sera soumis à une prescription initiale hospitalière annuelle réservée aux spécialistes en gastro-entérologie, pédiatrie, endocrinologie ou médecine interne. Son renouvellement est réservé à ces mêmes spécialistes à l’hôpital et en ville.

De plus, Prepulsid® ne pourra être prescrit aux patients que dans le cadre d’un essai clinique (visant à réévaluer l’efficacité et la tolérance de Prepulsid® dans les indications retenues) ou du programme de suivi de la sécurité d’emploi en pratique médicale courante (PASSREG).

Modalités de surveillance

Ce médicament nécessite une surveillance particulière pendant le traitement. Un électrocardiogramme et un bilan électrolytique doivent être effectués chez tous les patients traités par cisapride avant et pendant le traitement.

Ces indications thérapeutiques, conditions de prescription et modalités de surveillance sont applicables à compter du 16 septembre 2002. Le programme de suivi de la sécurité d’emploi en pratique médicale courante (PASSREG) sera mis en place en octobre 2002.


Conséquences pour les patients

Tout patient actuellement traité par Prepulsid® doit être réexaminé, par un spécialiste exerçant à l’hôpital, afin d’évaluer si le traitement doit être poursuivi ou s’il est préférable d’envisager un autre traitement. Les spécialistes hospitaliers concernés sont les gastro-entérologues, pédiatres, endocrinologues et internistes.
Les patients inclus dans le programme de suivi de la sécurité d’emploi recevront une carte personnelle de suivi qu’ils devront présenter à tout professionnel de santé lors d’une consultation, d’une prescription médicale ou de la délivrance de médicaments. 
En accord avec l’Afssaps, les laboratoires Janssen Cilag viennent d’adresser une lettre d’information aux médecins généralistes et aux spécialistes suivants en ville et à l’hôpital : oto-rhino-laryngologistes, cardiologues, gastro-entérologues, pédiatres, endocrinologues, internistes, pharmaciens. 

Publié dans Parole de maman

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L
<br /> Je trouve qu'il y a beaucoup de laxisme à ce niveau là et cela me fait peur tout de même, surtout pour nos enfants. On est en droit de nous poser des questions. Je suis toujours étonnée par les<br /> mises en garde. Il faut lire attentivement les notices, écrivent ils, mais je me suis toujours posée des questions. Il y a ceux qui ne savent pas lire, ceux qui ne comprennent rien aux notices et<br /> ceux qui ne savent pas qu'ils ont une ou plusieurs contre-indications à certains médicaments. Je trouve que c'est quand même grave.<br /> Je suis vraiment contente de te relire un peu....Je suis passée par Papy-Jean mais comme je connais un peu vos liens, je n'ose pas trop m'immiscer.<br /> Bonne soirée !<br /> <br /> <br />
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B
<br /> au fait, comment va petit boubou ????<br /> <br /> <br />
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B
<br /> j'espère que tu avais bien la tartine grillée beurre/miel sinon l'article aura été moins savoureux à déguster....<br /> <br /> <br />
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B
<br /> j'ai mis un article, tout exprès pour toi, à lire en buvant ton thé (ou café je ne sais point ce que tu aimes) et en grignotant une tartine grillée avec une petite épaisseur de beurre demi sel et<br /> une grosse épaisseur de miel...... parce que c'est un petit article bonheur qui va bien avec les tartines grillées et le miel.....<br /> <br /> <br />
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M
<br /> Comme chez le Brin, chez nous Loulou a eu droit à du Gaviscon pour son reflux, ainsi qu'à du Mopal (?) par moments.<br /> Zouzou a été soigné exclusivement aux granules homéo. Des dizaines.<br /> Pas des moments que j'ai appréciés, tout ça... Bises<br /> <br /> <br />
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